Prix du roman de la ville de Carhaix
Priz romant kêr karaez

 
Le « Prix du roman de la ville de Carhaix » a été créé en 1999 et récompense chaque année un roman dont l’auteur est breton ou bien réside dans l’un des cinq départements bretons. Ce prix est doté d’une somme de 1 500 euros remis dans le cadre du « Festival du livre en Bretagne ».

Lauréat 2011 : Gaël BRUNET
pour son roman Tous les trois (2011, Editions du Rouergue)


Éléments biographiques

Né le 3 mai 1975 à Fougères
Marié, deux enfants.
Bac D
A suivi des études d'histoire (université Rennes II) jusqu'à l'obtention d'une maîtrise
2000 : lauréat du concours d'attaché territorial
2001 : intégration fonction publique territoriale
2001-2003 : secrétaire général de la mairie de Maure-de-Bretagne (35)
Depuis 2003 : directeur des services culturels de Fougères Communauté (35)

Présentation éditeur

Un jeune père se retrouve veuf, après la mort de sa femme dans un accident de voiture. Il doit désormais, seul, prendre soin de ses deux très jeunes enfants, Louise et Jean. Tous les trois (d'où le titre) vont continuer d'avancer, jour après jour, malgré ce grand trou béant, dans un élan naturel qui s'impose. Autour de cette thématique dramatique, le premier roman de Gaël Brunet sait poser des mots d'une extrême justesse, en évitant pathos et grandiloquence. Car c'est dans les tous petits détails de la vie que se niche la souffrance - comme recevoir des lits jumeaux pour les enfants, commandés par la mère avant sa disparition. Le père invente des rituels du quotidien, bulles protectrices et intangibles. Progressivement, ils se réacclimatent à certains plaisirs - aller à la piscine, partir camper quelques jours. Paradoxalement, ce ne sont pas les intimes ni la famille qui viennent leur apporter réconfort, mais deux personnages singuliers, Maw, réfugié angolais, et Madame Viviane, leur voisine de palier. Il y a, bien sûr, la souffrance de l'homme dont la femme aimée a disparu. Qui se couche chaque soir dans un lit trop grand et n'imagine pas reprendre sa vie d'adulte, sortir, rencontrer d'autres femmes. Mais il y aussi cette force de vie chez les enfants, qui lui permet, chaque jour, de ne pas sombrer. L'année se passe - avec les moments délicats à franchir, comme les anniversaires, Noël ou la fête des mères... De ces petites scènes du quotidien s'élève une grande émotion, et un hommage très réconfortant à l'amour et à la vie. Ce roman - qui n'est pas autobiographique - est aussi une très belle réflexion sur la paternité.

Ce qu’en pense le Jury..

Comment vivre après la disparition brutale de la femme aimée, comment « fuir le manque », tenir debout avec les souvenirs de ses chansons favorites ? Comment faire face aux objets laissés intacts sur la table de chevet, aux traces de sa présence ? Comment surtout affronter les questions répétées des enfants sur l’absence de leur mère ? Comment continuer « cette vie qui tient. Dans le silence. » ?

Gaël Brunet, dans ce premier roman, manie avec brio l’art du funambule : comment rester debout et continuer alors que tout chavire brutalement... Comment vivre à trois, à savoir en équilibre instable ?

Seul l’amour pour ses enfants, Louise et Jean, deux petits oiseaux fragiles, va pousser Philippe, le narrateur, àcontinuer l’aventure de vivre: les deux anges à la douceur de papillon vont permettre par leurs besoins de repères, de rituels quotidiens de combler le temps de l’absence. C’est avec une infinie tendresse et beaucoup d’autodérision que le narrateur va assumer ce rôle de père et construire un nid protecteur, les entourer au mieux pour les protéger de la douleur.
La tendresse qui émane de ce roman transparaît aussi dans le regard délicat posé sur des personnages dotés de leurs propres fêlures : Maw, tonton Mo, venu d’Angola et amoureux des percussions ; Mme Viviane, voisine de palier qui ne supporte plus le monde mais qui est d’une générosité désarmante.

L’émotion que l’on rencontre lors de la lecture provient sans doute de la petite musique interne, d’un tempo inédit mélangeant rythme syncopé, silences, ellipses et phrases pleines quand il s’agit d’évoquer le bonheur d’être avec les deux enfants. Le style, précis, toujours pudique fait une grande place à l’humour.

Gaël Brunet maîtrise aussi l’art du portrait et l’évocation par petites touches de la vibration de la lumière, de l’instant partagé. Par contraste, il sait manier des figures saisissantes qui disent l’angoisse du naufrage ainsi que des images fortes : les enfants de Philippe sont ainsi à la fois « trésor et épée de Damoclès », force de vie et obligation de ne pas faillir.

Ainsi paradoxalement ce roman est un hymne à la vie, à la fugacité de l’instant que l’on voudrait figer. Il nous aide àaccepter de vivre pleinement le moment présent avec cette lucidité permanente de la fragilité du bonheur. L’amour du narrateur pour Louise et Jean est à l’image du dessin que Maw s’est fait tatouer sur le dos :,un pélican aux grandes ailes. Leur donner des ailes pour qu’ils puissent, un jour, s’envoler...

Les lauréats depuis 1999

1999 : Yvon INIZAN - Ailleurs exactement (Aigues-Vives, HB éditions)
2000 : Bernard GAREL - Mines flottantes (Ramsay)
2001 : Jacques JOSSE - Café Rousseau (La Digitale)
2002 : Soazig AARON - Le non de Klara (Maurice Nadeau)
2003 : Marie LE DRIAN - Ça ne peut plus durer (Julliard)
2004 : Cédric MORGAN - Le Bleu de la mer (Phébus)
2005 : Arnaud LE GOUËFFLEC - Basile et Massue (L’Escarbille)
2006 : Marie-Hélène BAHAIN - L’arbre au vent (Diabase)
2007 : Sylvain COHER - Fideicommis (Naïve Editions)
2008 : Françoise MOREAU - Jamais de la vie (Diabase)
2009 : Tanguy VIEL - Paris-Brest (Les éditions de Minuit)
2010 : Hervé JAOUEN - Ceux de Ker-Askol (Presses de la Cité)
2011 : Gaël BRUNET – Tous les trois (Editions du Rouergue)

le "Priz danevelloù ti-kêr Karaez" sera annoncé et remis le samedi 29 octobre à 15h00 dans le cadre du Festival

gael Brunet

Festival du livre - Ti ar Vro - BP 103 - 29833 Carhaix Cedex - festivaldulivre @gmail.com